L'édito des présidents
Ouverture et impertinence : une nécessité ?
L e dynamisme dont font preuve les acteurs de soins palliatifs en termes d’engagement, de créativité, d’innovation et de recherche est-il partagé et perçu comme tel par le monde qui nous entoure ?
L’ouverture aux autres et la dimension du partage sont-elles des réalités ?
Les polarités entre le « curatif » et le « palliatif » ne sont-elles pas parfois accentuées par nos modes de fonctionnement, repoussant ainsi la perspective d’un soin plus unifié ?
Au fil des décennies, le contexte social et institutionnel ne se sont-ils pas modifiés interrogeant la pertinence et la faisabilité du modèle initial des soins palliatifs ?
Le parcours de soins coordonnés inscrit dans la loi de santé, permettra-t-il de dépasser nos clivages, nos résistances, et notre propre vision d’une prise en soins refermée sur elle-même ?
Si l’ouverture aux autres acteurs de la santé n’a de sens que si chacun a la capacité de recevoir de l’autre, il nous appartient aujourd’hui d’écrire une nouvelle page des soins palliatifs enrichie par la parole d’autrui. Cela ne peut se faire sans une dose de provocation et d’impertinence et explique notre choix des thèmes pour ce congrès.
Ouverture et impertinence ? S’ouvrir ?
• Aux autres professionnels de santé, aux acteurs du champ social et médico-social trop souvent démunis dans l’accompagnement notamment des personnes en situation de handicap, de précarité ou atteints de troubles mentaux ;
• Aux oubliés des soins palliatifs au sein de notre société, les sans domicile fixe, les personnes se trouvant en milieu carcéral, en secteur psychiatrique fermé, ou les personnes ne pouvant circuler librement sur le territoire.
Comment faire ? Nos pratiques sont-elles encore adaptées ? Ne devons-nous pas faire preuve d’audace, voire d’impertinence pour y parvenir ? Ainsi, l’audace de notre ouverture favorisera notre impertinence.
Mais l’impertinence doit aussi vivre dans nos interrogations et nos réflexions pour penser autrement, pour aller à la rencontre de nos limites, et jeter un regard nouveau sur notre propre normativité. Cela doit nous amener à créer de nouveaux modes de prise en soins et répondre aux enjeux de la société de demain
dans un contexte que l’on sait inévitablement contraint.
Ce congrès est ainsi l’occasion :
• d’accepter l’impertinence de l’autre à travers ses représentations et ses pratiques,
• de bousculer nos idées reçues et le champ contraint de notre mode d’exercice,
• de remettre en question notre normativité et accepter le regard critique sur nos propres constructions,
• de partager nos diversités,
• d’échanger sur d’autres référentiels culturels et socio-économiques,
• d’exposer d’autres savoir-faire dans d’autres espaces culturels, d’autres espaces de soins, d’autres modes de vie,
• d’interroger d’autres spécialités et d’autres disciplines quant à leurs difficultés à aborder cette fin de vie.
Ouverture et impertinence dans leur acception la plus provocatrice doivent interpeller, interroger nos pratiques et nos habitudes pour élaborer un nouveau chemin de pensées.
Cette thématique du 23ème Congrès de la SFAP « Ouverture et impertinence » est aujourd’hui une nécessité qui s’inscrit dans le prolongement des travaux engagés à Dijon : penser une nouvelle approche des soins palliatifs pour mieux répondre aux attentes de la population.
Bienvenue à Tours, que ce congrès vous permette de poursuivre la réflexion vers l’ouverture et l’impertinence, une réelle nécessité aujourd’hui.
Dr Nicolas Chapel Tony-Marc Camus Co-Présidents du Comité Scientifique |
Christianne Roy Hubert Pissier Co-présidents Comité Organisation |
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