Congrès 2017

L'édito des présidents

Ouverture et impertinence : une nécessité ?

L e  dynamisme  dont  font  preuve  les  acteurs  de  soins  palliatifs  en  termes d’engagement, de créativité, d’innovation et de recherche est-il partagé et perçu comme tel par le monde qui nous entoure ?
L’ouverture aux autres et la dimension du partage sont-elles des réalités ?
Les polarités entre le « curatif » et le « palliatif » ne sont-elles pas parfois accentuées par nos modes de fonctionnement, repoussant ainsi la perspective d’un soin plus unifié ?
Au fil des décennies, le contexte social et institutionnel ne se sont-ils pas modifiés interrogeant la pertinence et la faisabilité du modèle initial des soins palliatifs ?
Le parcours de soins coordonnés inscrit dans la loi de santé, permettra-t-il de dépasser  nos  clivages,  nos  résistances,  et  notre  propre  vision  d’une  prise  en soins refermée sur elle-même ?
Si l’ouverture aux autres acteurs de la santé n’a de sens que si chacun a la capacité  de  recevoir  de  l’autre,  il  nous  appartient  aujourd’hui  d’écrire  une  nouvelle page des soins palliatifs enrichie par la parole d’autrui. Cela ne peut se faire sans une dose de provocation et d’impertinence et explique notre choix des thèmes pour ce congrès.
Ouverture et impertinence ? S’ouvrir ?
• Aux autres professionnels de santé, aux acteurs du champ social et médico-social trop souvent démunis dans l’accompagnement notamment des personnes en situation de handicap, de précarité ou atteints de troubles mentaux ;
• Aux oubliés des soins palliatifs au sein de notre société, les sans domicile fixe, les personnes se trouvant en milieu carcéral, en secteur psychiatrique fermé, ou les personnes ne pouvant circuler librement sur le territoire.
Comment faire ? Nos pratiques sont-elles encore adaptées ? Ne devons-nous pas faire preuve d’audace, voire d’impertinence pour y parvenir ?  Ainsi, l’audace de notre ouverture favorisera notre impertinence.
Mais l’impertinence doit aussi vivre dans nos interrogations et nos réflexions pour penser  autrement,  pour  aller  à  la  rencontre  de  nos  limites,  et  jeter  un  regard  nouveau  sur  notre  propre  normativité.  Cela  doit  nous  amener  à  créer  de  nouveaux modes de prise en soins et répondre aux enjeux de la société de demain
dans un contexte que l’on sait inévitablement contraint.

Ce congrès est  ainsi l’occasion :
• d’accepter l’impertinence de l’autre à travers ses représentations et ses pratiques,
• de bousculer nos idées reçues et le champ contraint de notre mode d’exercice,
• de remettre en question notre normativité et accepter le regard critique sur nos propres constructions,
• de partager nos diversités,
• d’échanger sur d’autres référentiels culturels et socio-économiques,
• d’exposer d’autres savoir-faire dans d’autres espaces culturels, d’autres espaces de soins, d’autres modes de vie,
• d’interroger d’autres spécialités et d’autres disciplines quant à leurs difficultés à aborder cette fin de vie.
Ouverture  et  impertinence  dans  leur  acception  la  plus  provocatrice  doivent interpeller,  interroger  nos  pratiques  et  nos  habitudes  pour  élaborer  un  nouveau chemin de pensées.
Cette thématique du 23ème Congrès de la SFAP « Ouverture et impertinence » est aujourd’hui une nécessité qui s’inscrit dans le prolongement des travaux engagés à Dijon : penser une nouvelle approche des soins palliatifs pour mieux répondre aux attentes de la population.
Bienvenue à Tours, que ce congrès vous permette de poursuivre la réflexion vers l’ouverture et l’impertinence, une réelle nécessité aujourd’hui.

Dr Nicolas Chapel
Tony-Marc Camus
Co-Présidents du Comité Scientifique
Christianne Roy
Hubert Pissier
Co-présidents Comité Organisation

 

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